Sauver le coton ouest africain : Le pari PERDANT de l'UEMOA

"LOL" est la contraction anglaise de l'expression " Laugh(ing) out loud" ( éclater de rire ).

C'est en général ma première réaction quand je prends connaissance de ce type d'informations, un peu comme celles qui disent qu'on va régler le problème du CFA en restant dans le CFA.

Mais bon, ne nous éparpillons pas, quelques chiffres valant mieux que de longs discours je vous propose de vous faire un topo sur le coton africain, vous aurez peut être envie de rire par la suite avec moi.

1) Le poids de la production sur le marché mondial : 5% = Peanuts!

L'Afrique ne représente en effet que 5% de la production mondiale . En face les géants Chinois, Indiens,et américains se taillent la part du lion. Le poids déterminant la force de pression dans les échanges entre partenaires, nous comprenons pourquoi l'Afrique n'a jamais réellement eu son mot à dire dans les termes de l'échange du marché du coton. Quand au board des administrateurs on ne pèse que 5% on prend des notes, on se tait, et on prie!

Sauver le coton ouest africain : Le pari PERDANT de l'UEMOA

2) le coton facteur d'enrichichissement ou placebo d'ajustement

de la balance commerciale ? .

Quand les sites gouvernementaux tels que républic of togo parlent du coton, on a presque envie de chanter le générique de la ruée vers l'or.

"Première culture de rente et 2e produit d’exportation après le phosphate, le coton est la principale source de revenus agricoles du Togo et représente de 50 % à 80% des recettes d'exportation, en fonction du niveau de production. Il contribue au PIB entre 2,4 et 4,3% selon les années et emploie 275.000 agriculteurs qui font vivre près de 2,5 millions de personnes. La filière est donc stratégique. Et la bonne nouvelle pourrait venir de New York." (source RepublicofTogo)

Là est la seconde belle "arnaque" au sujet du coton africain. Il est reconnu par le commerce bio et ethique comme de meilleure qualité parce que majoritairement cueilli à la main et produit de façon naturelle . On oublie toutefois de préciser que cela implique des coûts de production plus élevés et des ventes à perte parce que les producteurs sont soumis à des prix de vente déterminés par les cours mondiaux .

Au Togo, le coton est acheté aux producteurs par les sociétés d'Etat qui les revendent selon les cours mondiaux. Très souvent les producteurs sont réduits à vendre à perte une production qui de toute façon leur restera sur les bras si ils refusent de se plier aux prix fixés.

La société d'Etat, elle tire son épingle du jeu car elle aura fourni ou devrais-je dire vendu déjà des entrants, et aussi achètera aux producteurs de toute façon en deça du prix fixé par le marché. Il est donc techniquement impossible qu'elle perde de l'argent contrairement aux producteurs. c'est donc l'affaire du pot de terre contre le pot de fer.

Alors à la question création de Richesse, je me vois obligée de demander au nom des petis producteurs : " POUR QUI" ? car il apparait que l'histoire du coton au Togo peut se résumer ainsi

Un Etat qui veut conserver ( à tort?) son titre d'exportateur vend selon les prix d'un marché qu'il ne maîtrise pas une productiona achetée à des paysans vendant une fois sur deux à perte.

3) Pourquoi le coton africain ne tirera ( Jamais?) son épingle du jeu

dans cette configuration?

La réponse en 1 mot : SUBVENTIONS. Les géants de la production mondiale soutiennent leurs filières nationales par le biais de subventions accordées aux producteurs leur permettant d'accroitre leur rendement et surtout de réduire les coûts de productions et donc les cours sur le marché international.

entre 2011 et 2012 la Chine a versé 3 Milliards de dollars ( environ 1500 milliards de francs CFA) en subvention à ses producteurs

les USA pas moins de 820 millions de dollars aux siens. Sans vouloir nous écoeurer la subvention chinoise rapportée en CFA fait presque 2 fois le budget INTEGRAL de fonctionnement de l'etat ( 832 millards en 2014).

Comment peut-on sérieusement compétir aves ces orgres qui de toute façon dominent déjà le marché de la production de l'exportation et de l'importation ?

4) A n'importe quel moment la Chine peut faire chuter les cours = "GAME OVER" :

Dans sa logique de soutien à la production locale, la Chine a fait le choix de racheter à des prix supérieurs aux prix du marché la production de ses exploitations nationales de coton. C'était une façon pour elle de protéger ses producteurs des ventes à perte, dans les périodes de chute des cours mondiaux.

Aujourdh'ui elle se retrouve avec près de 12.6 millions de tonnes de réserves en coton. Face à une production mondiale en hausse et ne souhaitant plus procéder à ce type de subventionnement, l'état Chinois aurait pris la décision d'écouler progressivement ses stocks.

Si cela s'avère vrai, alors nous assisterons à une chute des cours sur le marché international, parce que le premier producteur qui est aussi le premier importateur déciderait de noyer le marché et de tirer les prix à la baisse.

Je vous laisse imaginer ce que cela va occasioner chez les producteurs africains.

Conclusion? : Réunissons nous si ça peut nous soulager, mais dans cette affaire de coton soyons sérieux : NOUS N'AVONS PAS LA MAIN.

A force parfois de vouloir tout faire, on ne fait réellement rien de bon ou d'abouti. L'avenir de la création de richesse est dans la spécialisation de chaque pays sur un pannel de points forts.

En matière de coton le Burkina et le Benin pays voisins sont les seuls qui plus ou moins tirent leur petite épingle du jeu.

Nous au Togo: Quels sont nos points forts? L'Agro Alimentaire et le phosphate (la seule production où nous sommes cités parmi les 10 premiers mondiaux) . Capitalisons sur nos points forts, et débarrassons nous des boulets.

Laissons la Chine produire le coton dont elle a besoin, revenons à nos fondamentaux et misons sur ce que nous avons de mieux que les autres, le coton ce n'est certainement pas.. notre affaire !

Delali M-B ATTIOPOU